mardi 9 juillet 2013

7 juillet 2013 : Hommage à Georges Mandel

Comme chaque année, je me suis rendue à l'Hommage à Georges Mandel (sa biographie), assassiné en forêt de Fontainebleau par la barbarie nazie le 7 juillet 1944. 
Cette cérémonie, auprès du monument à sa mémoire réalisé par le sculpteur François Cogné, a été très émouvante, en présence d'autorités comme Mme le Député. Je souhaiterais que plus de Bellifontains la connaisse. 
Je reproduis ici le remarquable discours de M. le Pr. Daubard.



Hommage à Georges Mandel
Par M. le Pr. Eric Daubard, 
Président du Comité local de Fontainebleau – Avon du Souvenir Français

 En effet, comme feu Jean-Pierre Aunier l'avait souhaité, dès la formation de notre bureau, nous luttons pour que ce grand serviteur de la République, que fut Georges Mandel, ne sombre pas dans l'oubli. 

Louis Georges Rothschild, n'ayant aucun lien de parenté avec les célèbres banquiers, naquit le 5 juin 1885 à Chatou. Sa famille, de confession juive, avait fui l'Alsace en 1871, pour rester française. Très jeune, il s'intéressa à l'histoire et la politique. Sa scolarité s'acheva par l'obtention du baccalauréat. 

Il se tourna alors vers le journalisme et se fit remarquer par ses articles anticléricaux, écrits sous le nom de plume de Mandel, qui était le nom de jeune fille de sa mère. Il fut bientôt admis au sein de la rédaction du journal l'Aurore, collaborant ainsi avec Clemenceau. Les relations entre les deux hommes ne furent pas des plus sereines. Clemenceau qui ne le ménageait pas, lui dit un jour : « Mandel, vous ne saurez jamais écrire. Contentez-vous d'un sujet, d'un verbe et d'un complément direct. Quand vous aurez besoin d'un complément indirect, venez me voir... » 

Puis l'aventure politique débuta en 1906, par un poste subalterne au ministère de l'Intérieur. Contrairement aux propos de Clemenceau, il sut se montrer indispensable et gravit les échelons. En 1919, il fut lui-même élu. Précurseur, il présenta en 1932 un projet de loi visant à faire que les femmes puissent être électrices, mais aussi éligibles. Il devint ministre des Postes en 1934. Très vite, il sentit très vite les dangers liés à l'accession au pouvoir, le 30 janvier 1933, d'un certain Adolf Hitler. 

En 1938, il protesta contre les accords de Munich, alors qu'il était ministre des Colonies. Ministre de l'Intérieur sous la présidence de Paul Reynaud, en 1940, il fut de ceux qui envisagèrent le fameux « réduit breton », puis le repli en Afrique du Nord. 

Arrêté le 17 juin 1940 sur l'ordre du maréchal Pétain, il fut bientôt libéré et exigea une lettre d'excuses. La première mouture ne lui convenant pas, il n'hésita pas à la dicter lui-même, mais jugez plutôt « Monsieur le Ministre, Sous la dénonciation faite au Bureau central de Renseignements aux termes de laquelle un dépôt d'armes aurait été constitué en vue d'une opération dirigée contre le gouvernement à l'instigation de M Mandel et du général Biihrer, j'ai fait procéder à l'arrestation de ces messieurs. J'ai acquis la conviction que cette démarche ne reposait sur aucun fondement et avait le caractère d'une manœuvre ou d'une provocation au désordre. Je m'en excuse et souhaite vivement que cette malheureuse affaire n'ait pas de suite. Signé Philippe Pétain ». 

Ayant refusé de rejoindre Londres, où il envoya un jeune général de brigade à titre temporaire, Charles de Gaulle, il partit avec d'autres parlementaires à bord du Massilia pour l'Afrique du Nord. Il fut arrêté le 8 août au Maroc. 

Condamné à la prison à vie avec Paul Reynaud, Edouard Daladier et le général Gamelin, il fut emprisonné au fort du Portalet, le 7 novembre 1941. Lorsque le maréchal Pétain y fut lui-même incarcéré quelques années plus tard, il dit : « Si j'avais su que c'était ça, je n'y aurais pas fait enfermer mes ennemis ». En novembre 1942, il fut transféré au camp de concentration d' Oranienburg, dans la banlieue de Berlin, puis à Buchenwald. Il revint en France sur décision des nazis et fut enfermé à la Santé. 

Le 7 juillet 1944, il quitta, sans illusion sur son sort, la prison de la Santé vers 17 h 40. Destination annoncée : le château de Brosses, près de Vichy, centre d'internement de la Milice. Dans la traction, il lut aux miliciens la fameuse lettre d'excuse qu'il avait dictée au maréchal Pétain et qui ne le quittait jamais. Il leur dit alors : « Je vous ferai voir comment un Français sait mourir ». Ici même, les trois voitures stoppèrent, sous prétexte d'un problème mécanique. Mandel fut invité à descendre et autorisé à faire quelques pas. Puis éclatèrent des coups de feu, qui l'atteignirent dans le dos. Touché, mais pas mort, il fut achevé de deux balles à bout portant. Il était un peu plus de 19 heures. Neuf balles en tout étaient allées se loger dans son corps. Une rafale fut tirée sur la voiture pour faire croire à un attentat terroriste. Georges Mandel repose désormais au cimetière de Passy. 


Ce monument fut érigé, puis Mandel sombra peu à peu dans l'oubli. Il nous paraît donc important de le faire connaître au moins aux habitants du Pays de Fontainebleau. 

En conclusion, je tiens à saluer la fidèle présence du groupe de commandement de l'armée allemande en France dont la fidèle présence nous touche. Merci, aussi aux personnalités qui année après année soutiennent notre travail de mémoire, mais aussi aux porte-drapeau et à chacun d'entre vous, qui pour la septième année consécutive, quel que soit le temps, honorez de votre présence cette émouvante cérémonie. Permettez-moi également d'exprimer les remerciements de notre comité à la ville pour le nettoyage du site, et au professionnalisme de M. Lutan rendant le déroulement de la cérémonie plus facile.