dimanche 16 février 2014

Une soirée au cinéma : ou comme le maire veut l'exiler, ...

Comme nous l'avions précédemment dénoncé, le Maire partant fait sa publicité électorale avec les moyens, soit du contribuable (panneaux géants sur la place du marché : on n'est pas tombé dedans !) soit par l'intermédiaire de sympathiques contractants de la Ville et de ses filiales (notre article sur la question : Quand le privé manque à son obligation de réserve).

C'est évidemment une aide d'une personne morale, totalement illégale en période électorale. Mais c'est la responsabilité du candidat sortant.

Le jeudi 13 février 2014, le Maire organisait une séance au cinéma Ermitage pour faire rêver les électeurs. Malheureusement, c'est difficile avec un film catastrophe. Nous n'hésitons pas à jouer les critiques ciné !

On notera que malgré l'intérêt du débat sur le projet, les Bellifontains étaient peu nombreux, à la différence du personnel visiblement mobilisé par la direction de l'Ermitage.


LE MAIRE, DONNEUR D'ORDRE ET
DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE

 D'abord de belles images, celle du nouveau cinéma au Bréau  : enfin, on peut en débattre, à proximité du Château derrière le parc. Cela ressemble à une grande surface en tôle et verre.
Disons que l'on peut toujours faire miroiter avant les élections.

La Halle de Villars écrasée par deux blocs de tôles ondulées.


L'image est aussi contestable pour  l'ancien Ermitage « relooké ». , il ne s'intègre pas terriblement bien dans le décor local. 

On nous a parlé du projet de Chartres, soit disant un modèle du genre. Oui, mais il est dans le centre de la ville. Le visuel témoignera que c'est discutable aussi.

 Le cinéma de Chartres : chef d'oeuvre ? ? ?

Qui a fourni les documents à la SARL Ermitage ?

La SCI de la Halle de Villars dont la SARL est actionnaire minoritaire.

L'actionnaire majoritaire, c'est la SEM du Pays de Fontainebleau, filiale majoritaire de la Communauté de Communes du Pays de Fontainebleau, présidée par le Maire de Fontainebleau !


 LE MAINTIEN SUR SITE AVEC LE BREAU :
UNE INTRIGUE COUSUE DE FIL BLANC

Le sommet de l'invraisemblable a été atteint lorsque l'on a garanti au spectateur que non seulement l'Ermitage serait maintenu mais encore qu'il avait besoin du Bréau.

Là, on criait au chiqué.

La Commission Nationale d'Aménagement Commercial n'a-t-elle pas soulevé (malgré son acceptation finale) : "les risques prévisibles résultant de l'ouverture du « CINEPARADIS » dans un quartier excentré de Fontainebleau sur l'activité cinématographique de « L'ERMITAGE » localisé au centre-ville" ?

En effet, il faudrait relire les pièces officielles de ce beau projet : 

« si le bilan financier global des deux cinémas présentait un déficit d'exploitation pendant plus de deux ans en dehors de la période initialement prévue dans le plan de financement du projet, il pourra être envisagé la fermeture du cinéma de centre ville » (statut SCI).

La fermeture est donc programmée !
Evidemment, lorsque l'on fait un nouvel investissement, le bilan est rarement immédiatement positif… On a le précédent de Montereau : le cinéma de centre-ville a fermé au profit de celui délocalisé près de Leclerc, malgré les engagements du propriétaire.

Certains estiment que la vente de l'Ermitage à la découpe pourrait assurer un joli bénéfice pour les propriétaires.

Que disait la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) sur le projet ?
 On ne vous le fait pas dire !


UNE PERIPETIE INUTILE :
LES HANDICAPES PRIS EN OTAGE

La propriétaire de l'Ermitage prétend qu'en 2015, date d'application de la loi sur l'accessibilité, l'Ermitage devrait fermer si le projet du Bréau ne se fait pas, car l'établissement ne sera plus aux normes. Selon elle, si elle n'a pas le Bréau, il ne pourra pas y avoir de dérogation pour l'Ermitage.

Déjà, c'est incohérent avec le discours qui déclare que l'Ermitage restera un cinéma d'art et d'essai qui sera favorable aux anciens. Anciens qui n'auront pas une meilleure accessibilité ?

Mais surtout, cela n'a aucun rapport avec la Loi : l'article R. 111-19-10 du code la construction et de l'habitation  précise que des dérogations peuvent être accordées par le Préfet lorsque les travaux  d'accessibilité sont  susceptibles d'avoir des conséquences excessives sur l'activité de l'établissement. Alors inutile d'invoquer la nécessité du Bréau !


UNE FIN PEU CONVAINCANTE 

La soirée a fini plus rapidement que ses organisateurs le prévoyaient.

A la question d'un résident de Fontainebleau, qui demandait la composition de la fameuse Société Civile Immobilière propriétaire, la gestionnaire du cinéma était moins précise. Tiens donc…

Elle a fini par expliquer qu'il y avait sa SARL Ermitage et la SEM

D'accord, mais le Bellifontain a insisté, il voulait les noms !

Pareil, on a fini par lui arracher le nom de Jean-Alec Ducros, le 1er adjoint bien connu, qui serait gérant de la SCI.



La soirée a vite tourné cours, lorsqu'une question s'est posée de savoir qui dirigeait la SEM du Pays de Fontainebleau.

Pas de réponse. Plus de question, coupures des micros, évacuation de la salle….

Il était urgent de ne plus discuter, les électeurs commençant à comprendre qu'il y avait un gros problème sous les belles images.

La réponse est évidente : un certain F. Valletoux !

Sans doute un homonyme avec un candidat connu.



Nous ne revenons pas sur le drôle d'acteur qu'est la SEM du Pays de Fontainebleau : on relira avec plaisir le rapport officiel sur son fonctionnement plus défectueux : LA SEM DU PAYS DE FONTAINEBLEAU EPINGLEE POUR GRAVES IRREGULARITES.


NOTRE AVIS : 
UN NAVET

Bref, tout cela n'était pas bien convaincant. Des images, de la com, des acteurs à gros budgets, mais un scénario qui ne tient pas la route. Le tout orchestré à des fins électorales de dernière minute.

Si le film admet une suite, ce sera « la destruction du commerce de centre ville ». 

Mais on espère que les producteurs seront changés en mars 2014 et que l'on aura une fin plus heureuse comme le maintien du cinéma en centre ville.