jeudi 3 novembre 2016

La crise des migrants à Fontainebleau : faisons le point


150 migrants installés au quartier Damesme à Fontainebleau : reprenons l'affaire pour mieux comprendre ce qui s'est passé.


Ici, il ne s'agit pas de traité le terrible problème humain causé par la misère étrangère, la guerre, les déplacements pour cause économique...

Une précision terminologique : parmi les migrants, il y a des réfugiés (protégés par le droit international en cas d'obtention de l'asile, qui s’appliquera à "toute personne (…) qui, craignant d’être persécutée du fait de sa race [son origine], de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner") et les illégaux, ceux qui n'ont aucun titre légal pour être sur le territoire et ont vocation à être expulsés. Le statut n'est donc pas le même.

Nous nous bornerons à étudier chronologiquement la situation pour mieux comprendre les décisions publiques.

L'ETAT DISSIMULE, LA REGION PAYE

Dans un premier temps, la Préfecture avait indiqué à la République de Seine et Marne que ce n'était pas d'actualité, mais...

Mme le Président de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, le 22 septembre dernier indique cependant : 
«Sur le sujet des migrants, je dois dénoncer le double langage du gouvernement. En observant la carte publiée, il semblerait que les migrants de Calais ne soient pas destinés à venir s’installer en Ile-de-France. 
Or, Frédéric VALLETOUX, notre collègue de Fontainebleau, m’a indiqué ce matin que le préfet de Région lui a annoncé l’arrivée de 150 migrants dans sa ville en provenance de Calais au cours des semaines à venir. La vérité est que le gouvernement est aux abois et qu’il ne tient pas ses engagements vis-à-vis de l’Ile-de-France» (extraits du PV de séance).

Précisons que le 24 septembre 2016, le même Conseil Régional vote une aide spéciale migrants : "aide d’urgence à un maximum de 1.000€ par place d’accueil et/ou d’hébergement, dans la limite de 50 % des dépenses liées aux travaux, équipements, honoraires et taxes afférents. Les demandes présentées par les organismes gestionnaires d’îles de loisirs de la Région peuvent être financées à hauteur de 100 % des dépenses exposées sur ces propriétés régionales".
Le tout pour un montant d’autorisation de programme de 5 million d'€.

VALLETOUX FAVORABLE, MAIS PLUTÔT PRES D'AVON

A la demande du Groupe Duvauchelle, le Préfet est interrogé sur l'hypothèse de la venue d'un camp de migrants.

Dans le Parisien du 27 septembre 2016, Frédéric Valletoux déclare très généreusement qu'il est bien d'accord pour accueillir les migrants, mais en réalité, demande à les déplacer à côté d'Avon, dans le secteur du Bréau : "Le maire propose de loger les migrants sur un autre terrain militaire de l’Etat, situé dans le quartier des Subsistances. « C’est près de la gare, comme cela est demandé, pour que les migrants puissent aller faire des démarches administratives, assure Frédéric Valletoux. Il faut juste y installer des préfabriqués.". 

Notons l'avis favorable du Maire sur le dossier, ce qui lui est reproché par une partie de l'opinion publique : une manœuvre très chic permettant d'obliger les autres sans se gêner soi-même tout en se donnant le beau rôle et bonne conscience.

Pas de très bonne foi non plus. Petit jeu : sauriez-vous dire ce qui est plus proche de la gare : les Subsistances ou Damesme ??!!


Mais une manœuvre ratée, car le vendredi 7 octobre, le Sous-préfet a appelé le Groupe Duvauchelle, en réponse au courrier que nous lui avions fait parvenir. Il a confirmé l'installation prochaine de 150 migrants à la caserne Damesme.
Il a précisé les éléments suivants :
1/ L'Etat est propriétaire de la caserne Damesne et ce lieu d'implantation est plus adapté que le quartier du Bréau, comme l’avait évoqué le Maire, où il aurait fallu installer des pré-fabriqués.
2/ L'installation de 150 migrants à Damesne se fera sur seulement une partie - et non l'ensemble - des bâtiments. Cet accueil serait "provisoire" car ces bâtiments doivent être vendus prochainement à la ville.
3/ La gestion de ces migrants sera assurée par la Croix Rouge.

Certains membres du groupe Duvauchelle ont demandé, lors du Conseil municipal du 10 octobre 2016, l'implantation de caméras à proximité du site retenu.

Réponse négative de Frédéric Valletoux, qui ne fait donc réaliser aucune étude de sécurité publique sur le site.



CONTRE FEUX SUR LES SANS DOMICILE FIXE

Les détracteurs de la politique pro-migrants ont beau jeu de dénoncer une politique à double vitesse, d'un côté la faiblesse de l'hébergement des sans domicile fixe (locaux) et d'un autre des dépenses nouvelles pour les migrants (étrangers). Ce n'est pas nous qui trancherons ce débat.

Les choses étant égales par ailleurs et l'hypocrisie bien répartie, le groupe majoritaire de la Ville se sent alors mis en cause et organise une opération médiatique destinée à sauver les apparences en faisant croire à une égalité de traitement en relaçant l'accueil de jour qui avait disparu au Bréau. Ce sera fait à l'ancien octroi de l'obélisque (illustration) qui a précédemment accueilli la croix rouge et la gendarmerie et l'accueil justement des sans-abris jusqu'en septembre 2010.

Cette opération coûtera 40.000 € de dépenses, pour du provisoire, au lieu d'une recette correspondant à la vente de cet bâtiment qui avait été votée lors du conseil municipal de mars 2015 (soit 150.000€). Une vente qui n'a eu aucun succès puisqu'il n'y a pas eu d'enchérisseur en décembre 2015, l'emplacement étant un peu compliqué.

On peut être sceptique sur cette annonce, décidée sous la pression des événements, sans étude préalable et surtout sans cadre sur le moyen et le long terme. Et quid de l'accueil de nuit ?

Extrait d'un rapport sur l'octroi :



POUR PLUS DE TRANSPARENCE

Il faut dire que la population ne paraît pas tout à fait satisfaite de cette situation et que l'arrivée des migrants ne passent pas forcément bien dans l'opinion.
Que l'on partage ou non son opinion, le Front National a exprimé ses idées dans un tract de manière très claire et transparente sur le sujet : pour lui, c'est NON. D'autres, anonymes, l'ont fait de manière plus indirecte et moins civique en graffitant un panneau d'information culturelle situé devant le Temple protestant. Enfin, le public sollicite directement les élus pour en savoir plus.

Au delà de la polémique, il me paraît anormal de mépriser les opinions de nos concitoyens. Le premier devoir étant de prendre aux sérieux leurs réactions et leurs questionnements, en y répondant par de l'information, chose qui est naturel pour des citoyens responsables et non en les traitant comme quantité négligeable.

S'il y a bien quelqu'un qui ne prend pas ses responsabilités dans cette affaire, c'est non seulement l'Etat, mais encore le Maire qui a essayé de délocaliser les migrants aux confins de sa commune et qui aujourd'hui tente de faire bonne figure et se drape dans une vertu récente et de façade.

Le groupe Duvauchelle a demandé d'organiser une réunion publique pour expliquer clairement les choses. Le Maire a préféré passer outre pour l'instant, quitte à attiser encore l'inquiétude : d'aucuns ne se demandent pas si les migrants ne vont pas rester ad vitam eternam, ou si leurs nombres ne va pas cesser d'augmenter, puisque l'implantation est faite.

Il y a pourtant des questions pertinentes, quelque soit son orientation politique : qui sont-ils et pourquoi sont-ils là ? Quel est leur statuts (libres ou en rétention administrative) ? Que prévoit la République pour eux (renvoi, intégration, transfert...) ? Y a-t-il un risque pour les populations et comment sont ils traités ?

Des interrogations sérieuses, au delà de toute polémique, qui appellent des réponses sérieuses et pas seulement sur internet.
Alors M. Valletoux sera contraint de céder et d'organiser cette réunion.

QUELQUES REPONSES EN ATTENDANT

Selon le seul communiqué électronique de la mairie sur le sujet, on apprend :

- Ce n'est pas un centre fermé mais un centre ouvert : "Ce centre n’est bien sûr pas un centre de rétention, donc les allées et venues seront libres, mais la Croix-Rouge veillera à ce que des règles de vie commune soit respectées".

- Il n'y aura principalement pas de famille : "il devrait s’agir très majoritairement de personnes isolées, hommes ou femmes, plutôt que des familles."

- Il s'agit de personnes évacuées de Paris et déplacées donc à Fontainebleau : "ces personnes, normalement, ne devraient pas venir directement de Calais mais plutôt de l’évacuation de campements sauvages parisiens."



A suivre donc...

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